Renaud Le Berre, candidat NUPES à Barcelone : « nous devons créer un New Deal européen sur l’écologie »
Quelle action, quel service concrets peut offrir le député aux expatriés Français de Barcelone ?
Je suis moi-même élu consulaire et ils bénéficient d’un sénateur et un député. Ensemble, nous sommes leurs relais, les élus de proximité. Nous les écoutons et les représentons pour agir sur la politique nationale et de l’étranger, en défendant un budget décent des Affaires étrangères, pour nos services publics, pour l’enseignement à l’étranger, etc.
Pouvez-vous résumer votre programme de député des Français de l’étranger en trois points ?
D’abord, sur la fiscalité : je voudrais renforcer l’information fiscale entre France et Espagne. Éviter les doubles impositions, penser aux retraités qui ont une retraite de source publique imposable en France mais vivent en Espagne sans les avantages fiscaux locaux, mieux respecter les conventions fiscales...
Sur le plan de la Santé et de l’administratif, je veux faciliter les démarches des Français. Les aider à obtenir leurs papiers, cartes et NIE quand ils s’installent. Faciliter les procédures avec les certificats de vie. Et harmoniser les fichiers des retraites : de nombreux profils ici ont eu une carrière hachée, avec différents employeurs dans les deux pays. Résultat, ils perdent sur leur retraite... Il faut leur offrir une retraite juste, qui tienne compte de tout leur parcours.
Enfin, le système de bourses scolaires est totalement injuste. Les classes moyennes sont privées d’établissements français. Je souhaite revenir au système de bourses d’avant 2014 pour permettre à toutes les familles de scolariser leurs enfants. Renforcer le recrutement des professeurs, stabiliser les équipes. Et renforcer la présence culturelle française en soutenant les associations FLAM.
Vous êtes candidat EELV à l’origine. Que pouvez-vous apporter d’ici sur le plan écologique ?
On ne peut pas attendre une solution par le marché. Il faut tout remettre à plat, adapter nos modes de consommation. Et c’est là que le député va pouvoir agir. Il y a urgence, on ne peut pas attendre encore 5 ans, nous devons réaliser la transition écologique par un pilotage, un plan de régulation et, en plus, des pratiques innovantes. Il y a des modèles espagnols intéressants à suivre sur ce sujet. Les mobilités douces à Barcelone, le réseau de transport public en expansion, l’investissement dans l’éolien et le solaire, etc. Cette transition passe aussi et surtout par une concertation européenne. La France ne peut pas décider ou avancer seule. Nous devons créer ce « New Deal » ensemble, investir ensemble et maintenant sur l’écologie.
Moi-même, en tant que député, je m'engage à faire le plus possible de déplacements en train, bus et mobilités douces, ce qui est assez facile depuis Barcelone.
Y a-t-il d’autres « bonnes pratiques » qui peuvent remonter de l’Espagne vers la France ?
Oui, et c’est le rôle du député de terrain de les faire passer. On a des entrepreneurs français en Espagne qui proposent des projets environnementaux intéressants, par exemple, qu’il faut partager en France.
C’est aussi le cas de certaines politiques, sur lesquelles l’Espagne a une vingtaine d’années d’avance. Le sujet des violences de genre, par exemple, ou de la violence domestique : l’Espagne a sonné l’alarme, mis en place des lois et des moyens pour lutter contre les violences, que nous n’avons pas en France. À nous de faire remonter ça au législateur.
Quel bilan de conseiller consulaire défendez-vous aujourd’hui ?
Je suis particulièrement fier d’avoir participé à monter le projet Aledas, qui fait qu’aujourd’hui, les élèves en difficulté scolaire ont un protocole d’accompagnement dès leur entrée à l’école. J’ai moi-même un enfant autiste et nous avons travaillé avec les parents d’élèves de Barcelone pour faire appliquer la loi sur le handicap et obtenir les AEHS actuels.
Le principal, j’insiste beaucoup là-dessus, c’est le travail collectif. Celui que nous avons mené pendant la pandémie pour faire livrer des paniers alimentaires et de première nécessité aux Français en difficulté à Barcelone, celui que nous faisons avec le Oui Festival qui vient jusqu’à San Cugat, ou avec le centre euro-arabe de Catalogne qui propose un échange culturel et économique avec de nombreux pays.
Que pensez-vous de la candidature de Manuel Valls, qui a contribué à médiatiser cette élection ?
C’est vrai que ça a ajouté de la visibilité à ces législatives de l’étranger. On l’a vu avec le taux de participation dans les votes sur Internet : déjà le double de la dernière élection. Mais il n’y a pas que ça, les Français de l’étranger se sont mobilisés ailleurs que dans la 5e circonscription. Je pense qu’il y a 5 ou 10 ans, on était dans un élan présidentiel, les jeux étaient faits, le candidat du parti présidentiel passait logiquement. Là, la configuration a changé et on sait que les députés d’une autre couleur auront plus de poids pour peser sur la politique nationale.
Renaud Le Berre en 4 points
- Candidat EELV / NUPES
- Réside à Sant Cugat (Catalogne)
- Professeur de SES au Lycée Français
- Conseiller consulaire depuis 2014