Élections municipales en Espagne : à droite toute !
Alors que nous sommes plus qu'avertis sur notre avenir d'êtres vivants. Alors que nos vies de labeur sont condamnées à s'étendre. Alors que le temps manque pour lire de la poésie, pour contempler, pour être oisif. Alors que seul un petit nombre gouverne le plus grand au profit d'un nombre encore plus restreint.
Alors que la terre brûle, que les pluies (trop rares) nous déchirent la peau. Alors que nous nous enfermons dans nos 5G, alors que nous nous uniformisons, que l'individu est bafoué, alors que nous avons peur du terrorisme, du chômage, du Covid, des noirs, des arabes, des musulmans, des gays, des trans, des écolos, que sais-je encore...
Alors que nos vies ne sont qu'obéissance, résignation : "jusqu'ici tout va bien...".
En Espagne, comme partout ailleurs en Europe, les partis ultralibéraux et d'extrême droite progressent. Hier lors des élections municipales, le Parti Populaire est passé de 5 millions de voix (2019) à 7 millions, Vox (inexistant il y a peu, parti de droite extrême) est passé de 800 000 voix (2019) à 1,6 millions.
La Catalogne, symbole de la lutte contre le fascisme, vient de voir entrer Vox dans ses rangs municipaux. Les quatre principales villes ont désormais leurs représentants Vox : 2 à Barcelone, 1 à Gérone, 2 à Leida et 3 à Tarragone.
À Barcelone, Ada Colau doit laisser sa place : trop de voies piétonnes, trop de pistes cyclables, trop pour le bien-être de la planète. M. Trias, qui ne veut plus du plan de mobilité d'Ada Colau, dans une ville déjà saturée par le trafic routier et la pollution, arrive en tête.
Inutile de fournir plus de chiffres, plus de détails, plus d'analyses, plus de tableaux, plus de débats d'experts, plus de débats scientifiques. Le paysage politique espagnol et européen fait froid dans le dos.
Et pourtant, des solutions existent quant à notre façon d'habiter le monde. Les citoyens sont le levier le plus puissant pour faire changer les lois. Les initiatives locales et la résistance de chacun sont primordiales. Il faut un pouvoir législatif accessible à tous. Cyril Dion dit : "On a culpabilisé les gens en les persuadant qu'ils pourront sauver la planète à force de petits gestes. Bien sûr que chacun doit faire sa part. Mais le problème est structurel, politique et économique. Pour changer il faut résister, s'adapter et régénérer. "
Thimothée Parrique, docteur en économie, spécialiste du lien entre environnement et économie, va également dans le sens de ces nouveaux récits : "Je pense que la meilleure façon de sortir de la croissance, c’est de se débarrasser de la mystique qui l’entoure, c’est de créer un imaginaire alternatif, un nouveau récit de prospérité. Aujourd’hui, on a besoin d’un nouveau récit, une économie du bien-être, de la qualité, une prospérité sociale, écologique. On l’appelle comme on veut. La décroissance, c’est prendre le temps de voir notre vie ralentir, pour reprendre le temps d’entreprendre les projets qu’on a mis de côté parce que le capitalisme ne le permettait pas : travailler dans l’associatif, passer du temps en famille, en formation… Si on met des limites sur la rentabilité, on a plein d’options qui apparaissent."
Les nouveaux récits pour plus de justice, d'équité et de partage existent. Grâce à eux demain peut être désirable.